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Traverser vers l'Abondance 

« N’avez-vous pas quelque chose à manger ?(Jean 21,5)

Il arrive qu’on revienne d’un travail, d’une rencontre,      

Les bras ballants, le cœur désert et rien qui comble la faim.

S’en tenir alors à l’évidence :

Le fruit n’était pas mûr ou déjà passé.

On pensait s’en nourrir, il se révèle amer,

On y cherchait un souffle, on se retrouve à terre.

Mais la vie, fertile en imagination,       

Pose le doigt sur ce qui fait question !

Serait-ce le signe d’une plus haute présence,

De cette prévenance qui veille sur nous

à ce que le manque n’interrompe pas l’élan,

Mais qu’il en soit le fondement ?

« Jetez le filet du côté droit de la barque. » (Jean 21,6)

 La vie nous déracine,           

Elle est pure mouvance qui impose de nouvelles alliances.

On peut alors : se raidir ou s’ouvrir, partir ou consentir, mourir ou bénir,

Pourquoi l’un, pourquoi l’autre ?

L’énigme reste indéchiffrable       

Mais la voix est là qui persévère à nous délivrer.

Quelqu’un parle et parlera encore jusqu’à ce que gagne l’aurore.

Une tendresse nous redresse et sa promesse déborde nos étroitesses.

« Ils n’ont plus la force de tirer tant il contient de poissons »(Jean 21,6) 

C’est parfois de peu qu’il faut se retourner, 

La distance d’un souffle ou d’une parole.

On cherchait là et c’est ici qu’advient l’inouï !

On croyait demain sans lendemain, on le découvre pétri de levain.

On devrait s’arrêter à ce qui n’a l’air de rien, surveiller ce que l’on pense anodin.

À se détourner du souci de soi,                        

C’est une neuve abondance que l’on reçoit.

On revient toujours meilleur de boire à cette générosité d’ailleurs.

Extrait de "Vers l'inépuisable" de Francine Carillo 

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