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Vous voilà, mon Dieu. Vous me cherchiez ?

 
 

Vous voilà, mon Dieu. Vous me cherchiez ?
Que me voulez-vous ? Je n’ai rien à vous donner.
Depuis notre dernière rencontre, je n’ai rien mis de côté pour Vous.
Rien… pas une bonne action. J’étais trop lasse.
Rien… pas une bonne parole. J’étais trop triste.
Rien que le dégoût de vivre, l’ennui, la stérilité.
– Donne !
– La hâte, chaque jour, de voir la journée finie, sans servir à rien ;
Le désir de repos loin du devoir et des œuvres,
Le détachement du bien à faire, le dégoût de Vous, ô mon Dieu !
– Donne !
– La torpeur de l’âme, le remords de ma mollesse
Et la mollesse plus forte que le remords…
– Donne !
– Le besoin d’être heureuse, la tendresse qui brise,
La douleur d’être moi sans recours.
– Donne !
– Des troubles, des épouvantes, des doutes…
– Donne !

– Seigneur ! Voilà que, comme un chiffonnier,

Vous allez ramassant des déchets, des immondices.

Qu’en voulez-vous faire, Seigneur ?

– Le Royaume des Cieux.

Marie Noël, dans Notes intimes

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