J’ai mal
« J’ai mal , Seigneur, j’ai mal !
Où donc es-Tu passé ?
Je ne peux plus T’entendre , je ne sais plus prier !
Comment dire : « Que Ta volonté soit faite »
Alors que tout en moi est révolte et blasphème .
J’ai cru en Ta bonté, mais Ta bonté m’accable !
Mes frères s’agitent à mes côtés ;
Ils me disent : « Courage, rien n’est perdu ! »
Mais leurs paroles sont sans écho chez moi et leur pitié attise ma souffrance.
A qui parler ? A qui crier ma détresse quand personne ne peut la comprendre ?
Suis-je donc acculé à revenir vers Toi ?

J’ai mal , Seigneur, j’ai mal !
Si encore , Tu pouvais m’expliquer , me dire « pourquoi ? »...
Mais Tu te tais, Tu te caches comme un coupable.
Et pourtant, je le sais , Tu es là, tapi dans un creux de mon âme .
A travers ces cris de révolte, découvre ma prière.
Je ne suis pas un saint, capable de porter sa croix de rédemption ;
Je ne suis qu’un enfant déchiré par la vie et qui a perdu l’espérance.
Alors si Tu m’entends , réveille Ta puissance !
N’es-Tu pas Dieu, bon Dieu ?
Où donc est Ta lumière ?
Souviens-Toi : la foi de mon enfance… et réponds !
Car si l’épreuve, hélas , me fait douter de Toi
Elle m’apprend aussi que tout est vanité, que rien n’a d’importance
Quand Ta face se cache.
J’ai mal , Seigneur, j’ai mal ! »
Abbé Hilaire Léonard-Etienne (1924-1984)